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HOMMAGE à Franck LOUISSAINT


Article publié pour la première fois le 05 février 2021.



Franck LOUISSAINT est décédé hier. Il nous a quitté et j'ai comme une impression d’inachevé. 50 ans de carrière, ce n’est pas rien! Il méritait une dernière exposition rétrospective et un catalogue raisonné. Un moyen de lui rendre hommage, une façon de le patrimonialiser, une manière de le remercier! Cette exposition, nous en discutions depuis près de deux ans…

Si la carrière de Franck LOUISSAINT devait tenir en trois mots, ce serait acuité, transmission et conservation.


Acuité Dès qu’il entrait dans une pièce, son regard scrutateur transperçait l’espace, se baladant de personnes en personnes et d’objet en objet. Franck cataloguait ensuite - les yeux en repos et noyés dans le vague - les disparités de volumes, les échantillons de lumières et les nuanciers de couleurs tout juste moissonnés - en prévision du prochain ensemencement. Les musées du monde entier conservent ses plus beaux fruits. Dans la pure mouvance indigéniste, les peintures réalistes de Franck nous raconte, nous montre, nous interroge individuellement et en tant que société.


Transmission Je l’entends au loin la cacophonie de ses milliers d’anciens élèves, du Centre d’Art, de l’ENARTS et du GoC, louant sa rigueur, son intransigeance et sa méticulosité. Il les a tous marqué, pour le mieux, et si certains d’entre eux, de nos jours, excellent, c’est parce que résonnent encore ses remontrances formelles.


Conservation « De la rangée du haut à gauche à celle du bas à droite, les personnes sur la photo sont [untel, untel, untel] moi [untel, unetelle, untel] et puis l’homme et la femme au bout sont deux touristes Américains de Détroit. La photo a été prise au Centre d’Art en 1974. Ça avait été une belle journée! » m’a un jour répondu Franck après lui avoir envoyé une photo d’archives via WhatsApp. Les untels et unetelle ne sont pas de lui, je n’ai simplement pas sa mémoire. En plus de son rôle primordial dans le sauvetage du patrimoine post-séisme et l’ouverture du Centre de conservation des biens culturels de l’Université Quisqueya (UniQ) dont il fut conservateur en chef, Franck était une encyclopédie vivante pour Love-Mary (chargée des archives) et moi. Il était l’un des derniers maillons entre le Centre d’Art du 20ème siècle et celui du 21ème.


L’art haïtien pleure un de ses grands. La culture haïtienne pleure un des architectes de son institutionalisation. Et moi je pleure un de mes aînés! Espérons que, pour nous consoler, je trouverai les moyens pour monter cette exposition patrimoniale et que toutes les écoles de la ville viendront re-découvrir le maître ! Elle sera alors une célébration! La célébration de son engagement en faveur de la vitalité créatrice!


En guise d'Epilogue, j'emprunte la voix de Robert Lowell:


Ces structures bénies, intrigue et rime ... pourquoi ne m'aident-ils pas maintenant Je veux faire quelque chose imaginé, non rappelé? J'entends le bruit de ma propre voix: La vision du peintre n'est pas une lentille, il tremble pour caresser la lumière. Mais parfois tout ce que j'écris avec l'art usé de mon œil semble un instantané, sinistre, rapide, criard, groupé, rehaussé de la vie, pourtant paralysé par les faits. Toute mésalliance. Mais pourquoi ne pas dire ce qui s'est passé? Priez pour la grâce de la précision Vermeer a donné à l'illumination du soleil voler comme la marée sur une carte à sa fille solide avec envie. Nous sommes de pauvres faits passants,

averti par cela de donner chaque figure sur la photo son nom vivant.


Judith MICHEL

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